L’office de tourisme appelé Le Voyage à Nantes a organisé un colloque ouvert au public les 6 et 7 septembre 2021 à la Cité des Congrès de Nantes, animé par Jean Viard, qui a réuni sociologues, anthropologues, écrivains, philosophes, institutions culturelles et professionnels du tourisme.
L’ensemble des étudiant(e)s de BTS Tourisme du lycée Carcouët étaient invité(e)s à participer à cet évènement le jour de leur rentrée. C’était donc un plongeon dans le grand bain pour les premières années, tout juste accueillis à 10h au lycée, et présents à 14h à la Cité des Congrès. Et pour les deuxièmes années, une bonne opportunité pour continuer leur formation.
Lundi 6 septembre 2021
Après une introduction par Johanna Rolland, Maire de Nantes, Présidente de Nantes Métropole, qui a plaidé pour un tourisme plus responsable et conservant une dimension sociale, Jean Blaise a rappelé la genèse du Voyage à Nantes, société publique locale dont il assure la direction depuis sa création en 2010. Le « VAN » a la particularité de regrouper des acteurs du tourisme (Office du tourisme), de la culture (Château des ducs de Bretagne, parcours Estuaire Nantes Saint-Nazaire, Mémorial de l’abolition de l’esclavage, HAB Galerie) et des loisirs (Les Machines).
Le colloque s’est poursuivi avec la projection d’une vidéo intéressante « Data Gueule, tristes tropismes » suivie d’un petit résumé de l’Histoire du Tourisme moderne par Jean Viard
L’après midi du lundi 6 septembre a rassemblé ensuite 3 intervenants pour une la première table ronde posant la question : quel transport demain ? Étaient invités :
Marc Hamy, Vice-Président d’Airbus en charge des affaires générales, du développement durable et de l’environnement. Il a rappelé qu’aujourd’hui, Airbus atteint une consommation de carburant de 2L/100 km par passager (sans doute sur un a350 et il s’agit de kérosène). Il a présenté un projet d’avion décarboné donc sans CO2 pour 2030/2035, qui utilisera de l’hydrogène et générera son propre électricité.
Agnès Ogier, Directrice TGV Atlantique, SNCF a quant à elle défendu le bilan carbone du train et rappelé que le gouvernement a choisi de privilégier le transport ferroviaire plutôt que les avions sur des trajets de moins de 2h30. Elle a indiqué qu’un trajet Paris Nantes en TGV correspond à 2 kg de CO2 émis contre 74 kg pour une voiture.
Rodolphe Christin, Sociologue, essayiste, estime qu’il faut préférer le chemin à la destination. Il plaide pour un tourisme de proximité et de sobriété avec des voyages moins fréquents, moins lointains
Les débats se sont orientés vers une potentielle remise en question des city breaks et du toujours plus (J. Blaise et Aurélie Peneau, directrice du développement touristique du Van)
Ont été évoqués le nouveau rapport au temps, au travail, aux loisirs. Pour Jean Viard,il y a un enjeu à garder l’émotion du voyage, qui est un temps de découverte de soi, d’expérimentations, des premières fois, des octogénaires qui se tiennent la main. Il a ainsi souligné l’importance de la dimension familiale du tourisme quelque soit l’âge.
Après une pause gourmande, avait lieu une deuxième table ronde intitulée : SURTOURISME OU PROBLEME DE FLUX ?
Le surtourisme n’est-il pas avant tout un problème de mauvaise répartition des flux ? Quelles techniques et méthodes pour mieux réguler, mieux répartir – quel est le rôle des réseaux sociaux dans tout cela ? Parmi les participants, il y avait Doug Lansky, Leader d’opinion américain en développement touristique, Xavier Marcé, Adjoint au tourisme et aux industries créatives à la mairie de Barcelone et Signe Jungersted, co-fondatrice et associée du groupe NAO qui a souligné l’influence des réseaux sociaux.
Mardi 7 septembre 2021
Le lendemain, mardi 7 septembre, nouveau contrôle des pass sanitaires avec cette fois un bracelet pour la journée, et ouverture de la 2ème journée par Jean Blaise, suivi d’une lecture sur le thème du voyage
La matinée a continué avec la troisième table ronde posant la question suivante : COMMENT UN TOURISME VERTUEUX EST-IL POSSIBLE ?
Le tourisme peut-être une grande source de bienfaits, à nous de lui redonner du contenu, de l’enrichir, de le rendre plus vertueux – maîtrisé.
Marie-Julie Gagnon, Autrice, chroniqueuse et journaliste québécoise a souligné les différences culturelles entre l’Amérique du Nord et l’Europe, montrant notamment les difficultés à voyager en train au Canada.
Charles Pépin, philosophe a démontrer que voyager c’est habiter poétiquement le monde, affirmer son identité dans tous les imprévus.
Saskia Cousin, anthropologue installée au Sénégal a montré également un autre rapport au tourisme dans son pays d’adoption où on trouve toujours le prétexte de rendre visite à de la famille alors que les vraies motivations peuvent être la découverte, le loisirs.
Enfin, Pascale Schuddings, Directrice France à VISITFLANDERS a expliqué le projet « Tourism Transforms » et la réflexion engagée depuis près de 10 ans sur le surtourisme à Bruges notamment et des solutions innovantes développées avec les habitants.
Après une pause, la 4ème table ronde s’est intéressée au rapport entre TOURISME ET POLITIQUES CULTURELLES : comment exciter la curiosité, stimuler la promotion, renouveler l’intérêt, fidéliser, construire l’image ? L’avis des experts.
Jean Blaise, Directeur du Voyage à Nantes a expliqué la volonté de penser la ville autrement avec des œuvres pérennes et éphémères.
Adel Ziane, Directeur des relations extérieures au musée du Louvre a insisté sur l’importance de la culture comme lien entre tous les humains.
Jean de Loisy, Critique d’art et commissaire d’exposition, spécialiste de l’art moderne et contemporain.
L’après midi était ensuite consacrée à un ATELIER intitulé RENCONTRES PROFESSIONNELLES / ÉVOLUTION OU RÉVOLUTION ?
Qu’est ce qui justifie aujourd’hui de se déplacer sur un événement physique plutôt que de faire du distanciel ? Quelles sont les qualités nécessaires des destinations/lieux d’événements pour attirer ? Les événements internationaux : Quelle valeur pour un territoire ?
Les débats étaient animés par Clément Lesort
Anthony Fauré, Directeur Marketing et Innovation chez Unimev a montré que le digital n’est pas forcément contraire au lien social, évoquant les retransmissions de concerts / matchs / salons dans des stades ou parc des expositions par exemple.
Elvire de Challus, Directrice générale de Colloquium a expliqué comment son métier d’organisatrice de congrès a changé avec de nouveaux évenements phygitaux à la fois physiques et digitaux, permettant aux participants d’être présents physiquement ou à distance.
Mélanie Delaplanche, Fondatrice de Sustainability Addict a expliqué la montée en puissance de la dimension RSE dans l’évenementiel, notamment dans le catering (éviter par exemple de gaspiller des repas, limiter les déchets, etc).
Denis Caillé, directeur de la Cité des Congrès de Nantes a expliqué également l’impact de la crise sanitaire sur son métier.
Fabrice Roussel, vice président de Nantes métropole en charge du tourisme a conclu le colloque en faisant une synthèse des débats.
La participation des étudiants à ce colloque leur a permis d’alimenter leur réflexion sur leur futur secteur d’activité.